- May 26, 2025
Une journée écosystémique
- Michael Harismendy
En bon entrepreneur, je prends toujours mon ordinateur dans mon sac lorsque je pars pour la journée. Sait on jamais, entre deux rendez-vous je pourrais peut-être avancer sur un projet, traiter des mails, écrire une newsletter… Cette injonction à la productivité vous parle ? Elle me poursuit régulièrement aussi.
Mais aujourd’hui, c’est une toute autre histoire que je veux vous raconter. Je ressens la journée qui vient de s’écouler comme particulièrement… écosystémique, empreinte de permaculture humaine. Je me suis senti faire parti d’un réseau, d’un écosystème dont les différents membres d'un même territoire se sont aidés les uns les autres pour fournir satisfaction réciproque.
Cela a commencé ce matin. Les trains ne circulant pas et ne possédant moi-même pas de voiture, ma mère m’a gentiment prêté la sienne pour que je puisse honorer mes rendez-vous de la journée (service de ma mère --> vers moi)
Je me suis d’abord arrêté promener le chien de ma sœur, partie en week-end famille sans pouvoir l’emmener (moi à --> ma sœur). Je note au passage le plaisir de se balader à la fraîche en nature, et d’offrir un espace de liberté à un autre être que soi - qui me le rend bien ! (moi --> chien ; nature --> moi).
La même sœur qui, quelques temps auparavant, avait géré quelques travaux dans mon appartement en mon absence, et n’est de manière générale pas avare de rendre des services (ma sœur --> à moi).
Je pars ensuite préparer mon appartement que je prête à deux amis venus profiter de l’air marin le temps d’un week-end sur la côte basque (moi --> à mes amis). Les mêmes amis qui … vont prêter leur appartement à ma sœur lors de son déplacement à Paris aux mêmes dates ! (mes amis --> à ma sœur)
Sur le chemin du retour, je prends spontanément un monsieur en stop qui me dit rebrousser chemin jusqu’à sa voiture garée à 3kms de là, après avoir laissé femme et golden retriever sur leur chemin de randonnée qui s’était manifestement avéré trop long pour eux.
Ici, je ne sais pas vraiment qui de moi ou de cet homme a plus rendu service à l’autre, car sa présence et les sommes-toutes brèves discussions que nous avons eues ont égayé ma journée durant laquelle étaient planifiées une majorité de tâches à mener seul. En m’arrêtant à la boulangerie pour acheter un gâteau basque de bienvenue à mes convives à venir, je proposerai à mon covoitureur de lui prendre du pain, ce qu’il finit par accepter au bout d’une salve de sentiments honteux exigés par les conventions.
Mais au fond, pourquoi ?
En économie (tout comme en de nombreuses disciplines), nous résonnons en logique « bénéfice-risque » afin d’évaluer l’intérêt ou non de prendre une décision. En l’occurrence, je vous laisse évaluer l’équilibre entre mon risque de banqueroute lié au coût de la baguette versus le bénéfice-plaisir d’aller au bout de cette rencontre éphémère avec cet homme (dont je ne connaitrai jamais le nom) en lui offrant de partager 3 kms + un stop à la boulangerie ? (moi --> à auto-stoppeur --> à moi)
Cette journée s’est terminée (et célébrée) posté sur la plage a profiter des rayons du soleil de fin de journée sur ma peau, particulièrement nourrissants.
Aujourd’hui, je n’ai pas travaillé. Et pourtant, j’ai contribué. Contribué au changement que je veux voir dans le monde, à un monde tel qu’il fait sens pour moi. Pouvoir bénéficier de services et en offrir d’autres, à d’autres, pour la satisfaction de l’ensemble.
Ces considérations font écho à de nombreuses réflexions autour des sujets de productivité mais aussi de rémunération du "temps investi" : de quoi nous nourrissons-nous au jour le jour, qu’est-ce qui nous donne la sensation d’une journée « bien remplie » ?
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Crédits photos : Merci à SHIV SINGH sur Unsplash, Amanz sur Unsplash, Trac Vu sur Unsplash, Melissa Cassar sur Unsplash.